Expiration par Ted Chiang | Lectures
Il s’agit d’un recueil de nouvelles de science-fiction.
On y trouve par exemple un vieux marchand arabe qui découvre qu’un portail lui permet de retourner visiter le passé. Mais il ne peut en changer les événements, pourtant il y trouvera son intérêt.
La nouvelle qui donne son nom au recueil met en scène des créatures qui prennent conscience que leur univers est fini, et que leur souffle, leur expiration, le consume peu à peu.
Deux nouvelles se penchent sur la question du libre arbitre, et de l’obéissance. L’une avec un petit objet très simple qui détecte si l’on va appuyer ou pas sur cet objet. L’autre est plus détaillée et explore les conséquences d’une invention permettant de créer une divergence dans le temps à partir du moment où l’objet, un prisme, est activé. Ensuite ce prisme permet de communiquer avec notre double ainsi créé dans un univers parallèle. Cela permet d’explorer les questions de type et si ? : et si j’avais fait autrement lorsque j’ai rencontré untel ou untel ? Et si je n’avais pas traversé ? Et si j’avais dit oui ?
Un autre texte donne la parole aux perroquets, tandis qu’un autre explore les relations entre science et religion.
Deux autres histoires nous amènent à réfléchir à la place de l’éducation dans la constitution de notre égo : une avec des intelligences artificielles que l’on entraine, une autre à propos des conséquences sur le psychisme de la création d’une nounou mécanique suivant des principes mathématiques rigoureux.
La plus intéressante, à mon sens, s’intéresse à la vérité et aux souvenirs : un père journaliste se demande pourquoi sa fille ne veut plus lui parler au moment où il écrit un papier sur une découverte importante : la mémoire parfaite à portée de tous. Vaut-il mieux tout savoir précisément ou laisser la mémoire faire son travail de remaniement du passé ?
Les thèmes abordés sont variés et posent des questions souvent intéressantes. Le style de l’auteur est fluide mais un peu plat. Cela est essentiellement dû au point de vue choisi quasiment à chaque fois : un narrateur s’adresse au lecteur en racontant ce qui se passe. Quasiment tout le livre donne l’impression d’assister à un cours sur les différents thèmes abordés. L’auteur explique les tenants et aboutissants de ses récits en faisant toujours, ou presque, parler un des personnages. Le choix de la première personne du singulier est souvent une bonne chose pour donner du rythme à une histoire, mais le principal intérêt est que le lecteur doit donc être dans la même situation que le narrateur. Or celui-ci analyse ce qui lui arrive au moment où ça lui arrive. Ce qui donne l’impression de lire un journal intime à propos de son propre journal intime.
De plus l’auteur essaie d’aborder le plus de facettes possibles de ses idées. Mais le format nouvelle ne se prête normalement pas à cela.
Etant donné qu’il s’agit de nouvelles, il est normal que les personnages ne puissent pas être plus caractérisés, mais ce qui fait que l’on peut s’attacher à eux passe souvent à la trappe. L’exemple le plus flagrant est la nouvelle à propos des créatures artificielles intelligentes, les digimos. Il y avait de quoi nouer plusieurs intrigues, en suivant certains personnages, mais cette nouvelle est comme une très très longue quatrième de couverture. D’autant plus que c’est une des rares où l’auteur a choisi un point de vue purement externe.
Les anglais ont un adage : show, don’t tell, et ces nouvelles montrent à quel point il est important de le suivre la plupart du temps.
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