Nymphéas noirs par Michel Bussi | Lectures
Bonjour à toutes et à tous, c’est Vieux Chat.
Aujourd’hui je vais vous présenter Nymphéas, par Michel Bussi.
Ce roman policier débute par la mort d’un homme d’une bien étrange manière. L’enquête va rapidement suivre trois pistes : homme à femme, la victime est peut-être morte suite à ses infidélités. Ou alors il s’agit de ses connections avec le monde de l’art : en effet, le meurtre a eu lieu à Giverny lieu où a vécu Claude Monet et où l’on trouve un musée de l’impressionnisme. Était-il à la recherche d’un tableau de Monet encore inconnu ? Un tableau représentant des Nymphéas noirs ? Sombre hérésie pour Monet pour qui le noir n’était pas une couleur. À moins que cette carte postale parlant d’un enfant d’une dizaine d’année n’ait quelque chose à voir avec le meurtre. Carte postale trouvée dans la poche de la victime.
L’enquête est mené par un duo de policier aussi sympathique que complémentaires : l’un est gouailleur, usant et abusant de son instinct tandis que l’autre est très méthodique et d’un naturel plutôt réservé.
La particularité du livre est qu’il est raconté par trois personnes, trois femmes habitant Giverny : une personne âgée, un peu acariâtre, l’institutrice du village qui se trouve dans la force de l’âge et dont le charme attire les regards et une jeune fille d’une dizaine d’année qui rêve de devenir peintre.
Les chapitres enchainent donc les points de vue sur l’affaire et l’auteur est assez doué pour donner vie à ces personnages très différents sans jamais perdre le lecteur. L’histoire pourrait paraitre convenue, voire assez simple, mais le prologue est très bien écrit et aiguise la curiosité du lecteur grâce à une astuce : on nous donne des détails génériques sur la personnalité des trois femmes du village qui vont se retrouver mêlées à l’histoire. Tout en posant une question que le lecteur conservera à l’esprit jusqu’au bout du livre.
L’auteur avait déjà écrit « Un avion sans elle » qui réservait plusieurs beaux retournements de situation tout en décrivant des personnages attachants. Dans « Nymphéas noirs », l’auteur réitère son succès précédent : une écriture fluide mais non dénuée de finesse et des personnages intéressants à suivre sont les ingrédients d’une histoire réussie. De plus, on y apprend plusieurs anecdotes réelles sur la vie de Claude Monet et sur le développement de l’impressionnisme en général. Comme souvent dans une intrigue qui accroche, il y a une histoire d’amour et l’on suit avec plaisir les tentatives de l’inspecteur principal pour entrer dans les bonnes grâces de la magnifique institutrice du village tandis que l’inspecteur adjoint tente de modérer les ardeurs de son chef. D’ailleurs la relation de ces deux policiers ajoute beaucoup de dynamisme à une histoire qui se veut essentiellement psychologique.
Le lecteur se demandera longtemps quel rapport existe entre les trois femmes, et chaque indice, tout en donnant plus de grain à moudre, donnera aussi l’impression d’être un peu plus dans le noir.
Il est donc difficile de lâcher le livre une fois la lecture entamée.
Voici un extrait de l’incipit :
« Trois femmes vivaient dans un village.
La première était méchante, la deuxième était menteuse, la troisième était égoïste.
Leur village portait un joli nom de jardin. Giverny.
La première habitait dans un grand moulin au bord d’un ruisseau […], la deuxième occupait un appartement mansardé au-dessus de l’école […], la troisième vivait chez sa mère, une petite maison dont la peinture aux murs se décollait […].
Elles n’avaient pas non plus le même âge. Pas du tout. La première avait plus de quatre-vingts ans et était veuve. La deuxième avait trente-six ans et n’avait jamais trompé son mari. Pour l’instant. La troisième avait onze ans bientôt et tous les garçons de son école voulaient d’elle pour amoureuse.
[…]
Vous l’avez compris, toutes les trois étaient assez différentes. Elles possédaient pourtant un point commun, un secret en quelque sorte : toutes les trois rêvaient de partir. Oui, de quitter Giverny, ce si fameux village dont le seul nom donne envie à une foule de gens de traverser le monde entier juste pour s’y promener quelques heures.
[…]
Une fois pourtant, pendant treize jours, pendant treize jours seulement, les grilles du parc s’ouvrirent […]. Cette parenthèse s’ouvrit par un meurtre ; le premier jour, et se termina par un autre, le dernier jour.
[…]Cela dura treize jours. Le temps d’une évasion.
Trois femmes vivaient dans un village.
La troisième était la plus douée, la deuxième était la plus rusée, la première était la plus déterminée.
A votre avis, laquelle parvint à s’échapper ?
La troisième, la plus jeune, s’appelait Fanette Morelle ; la deuxième s’appelait Stéphanie Dupain ; la première, la plus vieille, c’était moi. »