
Siglo par Ragnar Jonasson | Lectures
Il s’agit d’un roman policier ayant pour cadre les froides contrées d’Islande. Tout comme dans Mörk déjà présenté sur cette chaine, le personnage principal est un policier du nom d’Ari Thór. Celui-ci est arrivé dans la petite communauté de Siglufjördur il y a de cela quelques années et il commence peu à peu à s’y acclimater bien qu’il se sente toujours comme un étranger venant de Reykjavik. D’autant que celui qui lui servait jusqu’à alors de mentor, et dont il espérait qu’il revienne un jour travailler avec lui, décide de rester dans la capitale.
C’est déjà la 6eme enquête de cet inspecteur racontée par Ragnar Jónasson, et il y a donc une certaine continuité dans les affaires de cœur.
Mais pourquoi est-ce que je ne parle pas de l’enquête de ce livre-ci ? C’est bien simple, à part la fin qui rehausse un peu le niveau, elle n’a que peu d’intérêt. Et je me suis pris à regarder combien de page j’avais lues tandis que l’enquête n’avait toujours pas vraiment démarré : plus de la moitié du livre. La résolution finale était pourtant intéressante, mais difficile de s’y accrocher tant les personnes reliées à la mort de la jeune femme n’offrent que peu d’intérêt.
Il s’agit donc d’un suicide. En apparence. Une jeune femme se jette du haut d’un balcon, et la mère de celle-ci ne peut croire à un suicide. Tout allait bien pour elle, c’était une élève modèle, qui n’avait que peu d’amies et qui se concentrait sur ses études. Alors Ari Thór, par acquit de conscience, va quand même suivre les quelques pistes qui s’offrent à lui. D’autant plus que dans un centre pour personnes âgées proche, un vieil homme a inscrit un peu partout sur les murs de sa chambre « Elle a été tuée ».
Ce n’est pas l’écriture qui pèche : celle-ci est toujours aussi intéressante et facile d’accès. L’auteur continue à nous dévoiler légèrement les interrogations qui animent ceux et celles qui vivent dans des endroits si reculés qu’ils semblent plongés dans un autre temps.
D’ailleurs, la quatrième de couverture essaie de nous vendre du suspens en annonçant qu’une tempête approche tandis que l’enquête piétine. Mais cette tempête ne jouera aucun rôle dans l’histoire. Et la pression qu’elle induit sur les personnages n’a rien à voir avec le déroulement de l’enquête ou même les histoires personnelles du personnage principal. Et c’est bien dommage car c’est là que réside pourtant l’intérêt de ce roman : la banalité de l’enquête (pris au sens propre du terme, et sans sa connotation péjorative) met ainsi en exergue – par contraste – la partie privée de la vie d’Ari Thór.
C’est comme si l’auteur hésitait entre deux : roman personnel dans la vie d’un inspecteur ? Ou roman policier mettant en scène un inspecteur dont la vie privée vient empiéter sur ses affaires professionnelles ?
A force de ne pas choisir, le mélange n’a que peu de saveur.
Extrait :
« Si Ögmundur était d’un naturel positif et imperturbable dans tout ce qu’il entreprenait, il fallait bien avouer que le travail n’avait pas été jusque-là trop exigeant. Non seulement l’hiver avait été des plus tranquilles, mais de plus Ari avait épargné à sa nouvelle recrue les tâches les plus pénibles, pour le laisser se familiariser avec l’atmosphère des lieux à son propre rythme. De son côté, Ögmundur avait déjà réussi à se faire plus d’amis à Siglufjördur qu’Ari, qui y vivait pourtant depuis des années. Le jeune diplômé semblait gagner la confiance des autres à la vitesse de l’éclair, une qualité indéniable dans leur travail. Il avait joué dans l’équipe nationale de football, ou tout au moins dans l’équipe junior – pour Ari, tout ça, c’était la même chose –, et cet intérêt pour le ballon rond assurait à Ögmundur de pouvoir parler sport avec n’importe qui.
Ari résuma l’affaire à son collègue en quelques mots avant d’ajouter :
– La pauvre est sûrement tombée du balcon tout en haut, un accident ou bien… oui, un suicide. C’est ce que nous allons devoir découvrir. Au plus vite. »