Les visions de Dune par Vivien Lejeune | Lectures
Il s’agit d’une biographie non pas d’un auteur mais d’un univers, en l’occurrence celui de Dune créé par Frank Herbert.
Vivien Lejeune y parle de l’ensemble des créations artistiques qui ont accompagné la création de l’univers de Dune. Avant de résumer les six livres du cycle, l’auteur déroule la biographie de Frank Herbert en y mêlant les différents livres qu’il a écrit, qu’ils soient dans l’univers de Dune ou non. Vivien Lejeune fait le parallèle entre chaque œuvre écrite et l’époque dans laquelle elle a été créée, rendant ainsi plus lisible les influences et les thématiques que l’on peut retrouver non seulement dans le cycle de Dune, mais aussi dans les autres livres.
Il est ainsi éclairant de voir à quel point Herbert a vécu selon certains principes évoqués dans ses ouvrages.
Les Visions de Dune prend le temps de revenir longuement sur la genèse du film de David Lynch et des circonstances difficiles qui ont entouré sa création. Car Vivien Lejeune ne s’en tient pas qu’aux seuls livres d’Herbert, il nous raconte aussi en quoi Dune a influencé une époque. Il ne se contente pas d’analyser les mediums habituels de la création que sont les livres et les films, mais aussi les jeux vidéos et les bandes-son qui accompagnent ceux-ci.
Comme Vivien Lejeune voulait être exhaustif, il a aussi abordé la question de l’héritage culturel de Dune au travers des écrits de Brian Herbert (le fils de Frank Herbert) et Kevin J. Anderson.
Ce livre se lit assez rapidement car il est découpé en petits chapitres, et le style de Vivien Lejeune est assez facile d’accès tout en étant rigoureux. Même des fans de l’univers de Dune y trouveront quelque chose de nouveau, et il se pourrait même que le passage sur les livres écrits par Brian Herbert fasse changer d’avis ceux qui trouvent ses livres inintéressants.
En effet, le style de Frank Herbert était difficile à imiter, et son fils n’a pas cherché à le faire. Et bien que les préquelles qu’il a écrites semblent raconter le même genre d’histoire que celles inventées par son père, le style ne rendait vraiment pas hommage à la complexité et surtout la cohérence de l’univers créé. Pour autant, Vivien Lejeune ayant lu tout ce qu’il a écrit, en vient à trouver certains livres du fils presque plus intéressants que ceux du père. D’ailleurs il fait une analyse comparée des différents romans du cycle de Dune : là où le premier livre était un roman d’aventure, l’Empereur-Dieu de Dune ressemble, lui, plus à un essai socio-politique.
Je trouve que l’auteur réussit à rester objectif, et les Visions de Dune peuvent offrir matière à réflexion à toute personne désireuse d’en apprendre plus sur Arrakis (le véritable nom de la planète de sable) ainsi qu’à ceux qui ont déjà lu d’autres livres de Frank Herbert.
Voici un extrait :
« La création de Frank Herbert aura fasciné des générations d’artistes avides de contribuer, chacun selon ses visions et compétences uniques, à l’histoire de son développement et, œuvre après œuvre, de lui assurer jusqu’à une certaine forme d’immortalité. De celle dont naissent les mythes.
Car le mot n’est pas trop fort, lorsqu’il s’agit de Dune. Auteurs, réalisateurs, comédiens, dessinateurs, sculpteurs, concepteurs, compositeurs, programmeurs… Tous sont restés un beau jour médusés face à l’infinie précision avec laquelle Frank Herbert a su bâtir pareil univers. Richesse, complexité, profondeur, intelligence, humanité : tels sont les mots qui reviennent le plus souvent lorsque les artistes sont interrogés sur le rapport qu’ils entretiennent avec le roman et ce pour quoi ils l’aiment tant. Herbert était un écrivain investi, provocateur parfois, mais toujours convaincu. Ses préoccupations socio-écologiques, extrêmement en avance sur leur temps, résonnent plus intensément de nos jours qu’elles n’étaient jamais parvenues à le faire auparavant. De même, ses mises en garde répétées à l’encontre de l’excès de confiance en les pouvoirs en place ou encore ses représentations du terrorisme né de toute dévotion mystique ou religieuse confèrent à ses écrits une résonance toute aussi glaçante aujourd’hui. »