Trop semblable à l'éclair par Ada Palmer | Lectures

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Published on ● Video Link: https://www.youtube.com/watch?v=zwz5mo164AI



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Mycroft a découvert un enfant, Bridger, possédant le pouvoir de rendre réel ses dessins. Tandis qu’il cherche à cacher son existence au reste du monde, le vol d’un document dans un journal va précipiter une série d’événements risquant de faire basculer l’équilibre idéal que semble avoir trouvé l’humanité.
L’auteur manie très bien la langue, et le livre pourrait être un véritable régal.
J’aurai voulu aimer ce livre. Mais voilà, j’ai passé mon temps à trébucher sur plusieurs choix de l’auteur, le plus piégeant étant le remplacement des pronoms personnels par un pronom neutre. Or en français, remplacer il ou elle par on ne produit pas du tout le même effet, car on est certes neutre – car indistinct – mais il indique surtout qu’on ne connait pas la personne dont on parle. Ce qui fait que très souvent dans les dialogues il faut relire certains passages deux fois pour être certain de savoir de qui on parle. En soi, l’idée est intéressante de montrer en quoi l’humanité a pu changer dans ses rapports entre homme et femme. Elle est même cohérente au sein de l’univers décrit. Cependant cela m’a rendu la lecture boitillante, trébuchante, inconfortable du début à la fin. J’étais constamment sorti de la narration à cause de cela, à cause de l’effort nécessaire pour resituer qui sont les personnages.
A cela se rajoute un autre choix de narration, qui est lui aussi cohérent : si un personnage a un comportement habituellement associé à la féminité, alors l’auteur parle de ce personnage en usant du féminin des mots (comme par exemple dire cuisinière au lieu de cuisinier) bien que le personnage soit masculin. Il est important de noter que ces choix sont tout à fait cohérent avec les évolutions décrites. Plusieurs mots de vocabulaire classiques ont aussi été changé. On ne parle plus de famille mais de bash. Et les bash ne sont pas des familles au sens actuel du terme : ce sont des personnes vivant ensemble par affinité, et il n’est pas si commun que les membres d’un bash soient liés par le sang.
Chacun de ces choix est cohérent, il se justifie. Pour autant cela m’en a rendu la lecture pénible, ce qui est vraiment dommage étant donné le talent de l’auteur qui manie allègrement plusieurs langues.
J’aurais aimé apprécier ce livre, et j’aurais pu passer outre les inconvénients déjà décrits si au moins l’intrigue était palpitante. Mais elle ne m’a pas emballé car les personnages sont restés flous tout au long de l’ouvrage, en grande partie à cause des choix de narration qui font qu’il est difficile de s’imaginer les personnages. On ne peut jamais être certain d’à quoi ils ressemblent, même si l’auteur insiste souvent sur les origines ethniques des personnages ou leur habillement. C’était comme de regarder un film où les acteurs auraient été invisibles et où seuls leurs vêtements bougent.
De plus, la société telle qu’elle est décrite est si éloignée de la nôtre et parfois tellement caricaturale (par exemple l’idée des Servant n’aurait que très peu de chance de fonctionner en réalité, tant la santé mentale ou l’éducation sont abordées de manière simpliste) que les enjeux de l’intrigue ne m’ont pas paru intéressé. Or le livre est vendu comme se situant entre Hypérion et Dune.
Non, désolé, les personnages de ces deux séries sont humains. Les personnages de Trop semblable à l’éclair sont des archétypes, des démonstrations, des idéaux. Des personnages comme le sensayer Carlyle, sorte de guide spirituel, ou Bridger, le héros principal, ont des réactions tellement peu humaines, ou alors exagérées que je n’ai pas réussi à m’inquiéter pour eux.
Pour enfoncer le clou, Mycroft Canner lui-même parle au lecteur et nous indique que Bridger est le véritable héros de cette histoire. Or Bridger ne fait rien, ou presque, de tout le livre.
J’en arrive au point final : il a fallu cinq cents pages pour que l’intrigue démarre véritablement. Et encore, ce n’est qu’au travers de dialogues.
Ce livre n’est pas entre Dune et Hypérion, mais se rapproche plutôt du Monde de Sophie.

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